La déesse aux 100 bras se propose, sur le mode de la comédie, de raconter l’enfer de tant de femmes contemporaines qui se conjugue autour de la sainte trinité : efficacité, perfection, contrôle.
Lorsque Jean-Marc Auclair m’a proposé ce sujet, que Claude d’Anna a réinterprété, j’ai retrouvé chez son héroïne tant de petits travers et névroses que je me connais ! Volonté de tout réussir en même temps, nécessité d’être efficace sur tous les fronts (professionnel, familial, conjugal, personnel…) bref, je me voyais avec effroi en lisant les mésaventures de cette pauvre Vanina. J’ai réalisé que cette quête d’efficacité – voire de perfection – ne m’était pas réservée mais bien l’apanage de beaucoup de femmes d’aujourd’hui qui intègrent avec docilité cette injonction de perfection véhiculée à longueur d’année – entre autres – par les magazines féminins…
Cette « folie » me semble bien plus répandue chez les femmes que chez les hommes. Eux aussi, bien sûr, ont de puissantes obligations de performance, mais le plus souvent ils se fixent plus raisonnablement des objectifs réalistes, ne tentent pas vainement de jouer les Shiva et délèguent à leurs femme, collègues, employés, enfants, amis… tout un tas de choses qu’ils savent ne pas pouvoir ou ne pas vouloir accomplir dans le délai imparti…
Et le plus formidable, c’est qu’en général ils n’en culpabilisent pas pour autant, bien au contraire… là où bien des femmes non seulement ne contestent pas cet engrenage de la performance, mais essaient d’être parfaites ! D’être d’abord la petite fille qui va faire plaisir tout à la fois à… ses parents et aux professeurs, puis la femme qui va combler son mari, ses enfants, son patron, ses collègues, ses amis…!