ELLES DEUX

Crédits photos © Nicolas Velter - Zhou Yuchao / La Boîte à Images / FTV

Résumé

Deux femmes, la cinquantaine. Tout les oppose : leur condition sociale, leur vécu, leur origine. Malgré leurs différences, elles vont s’associer dans le même projet intime et viscéral : obtenir la garde de leur petit-fils, à son retour d’un camp de prisonniers de Daesh.

Deux femmes, un enfant. Trois destins liés indéfectiblement.

Fiche technique

GENRE

Fait de société

DURÉE

90 minutes

RÉALISATION

Renaud BERTRAND

SCÉNARIO

Eve de CASTRO et Sylvain SAADA

PRODUCTION

Mathilde MUFFANG / La Boîte à Images
France Télévisions

MUSIQUE ORIGINALE

Léa CASTEL et Yoan CHIRESCU

 

CASTING

Sylvie TESTUD (Sandrine)
Meriem SERBAH (Hasna)
Kassim LEMAITRE (Hicham)
Adel BENCHERIF (Samir)

DISTRIBUTEUR INTERNATIONAL

Film & Picture

ANNÉE DE PRODUCTION

2024

DIFFUSEURS

France 2, TV5MONDE

ÉQUIPE TECHNIQUE

Directeur de la photographie  : Vincent WARIN
Chef opérateur du son : Renaud MICHEL
Cheffe monteuse : Caroline LEFEVRE
Directrices de casting : Agathe HASSENFORDER et Christine DUQUESNE
Cheffe décoratrice : Sylvie MONBEL
Cheffe costumière : Julie MIEL
Directeurs de production :  Franck DELAUNEY et Didier LANGLADE

Note du Réalisateur

La question du retour des enfants de terroristes français de Daesh, d’un point de vue juridique, est claire : il n’existe aucune raison pour que ces enfants français, récupérés dans les camps, ne soient pas rapatriés. Pas plus que, dans la mesure où leurs familles ont été reconnues par les services de l’Etat comme n’ayant rien à voir avec l’islamisme radical, ils ne leur soient pas confiés, ou au moins, qu’on les reconnecte avec elles.

A l’annonce des premiers rapatriements, ma réaction a été un rejet viscéral et honteux à l’égard de ces enfants objectivement innocents. Je n’ai pas aimé ressentir cela, mais j’avoue l’avoir ressenti. A partir de là, j’ai lu, j’ai creusé. En découvrant des reportages sur le sujet, la raison a plus ou moins repris le dessus, mais rien n’était pas réglé en profondeur. Revenaient les éternelles questions sur l’acte sacrificiel nécessaire, ou pas, à la préservation du Groupe. Encore pollué par la violence des manifestations de l’intégrisme religieux sous toutes ses formes, je n’en sortais pas. Un jour, je suis tombé sur un documentaire sur le sujet, beau, fort, digne et j’ai pu voir, même floutés le visage de ces enfants. J’ai vu leur vie dans les camps, l’enfer d’où ils venaient, et malgré toute cette horreur déjà vécue, leur désir de vie, de connaître autre chose. J’ai vu le visage de leurs grands-parents, pour la plupart étrangers aux questions de fanatisme religieux, qui n’ont rien vu venir, qui pour certains ont perdu leur fils ou leur fille, qui s’accrochent à vouloir récupérer leurs petits-enfants, pour réparer ce lien tellement rompu avec leurs enfants, au point qu’ils ont rejoint Daesh.

Au-delà du discours percutant, investi, des avocats, ce qui m’a fait franchir le pas, dépasser ma peur enfouie, ce sont les impressions, les sensations, les petits moments de vie, les silences des grands-parents, la banalité de leur souffrance, les sourires étranges des enfants qu’on devine malgré l’image floutée. Au-delà de l’incompréhension, j’ai ressenti ce désir absurde d’aventure et d’absolu qu’avaient dû éprouver les parents de ces enfants, perdus dans un quotidien morose.
Bien que, si loin de leur histoire, le fait de me sentir si proche de toutes ces personnes de chair m’a fait avancer dans mes questionnements. Viscéralement, et plus seulement intellectuellement.
C’est toute l’ambition que je mets dans la réalisation de ce film.

Si on croit à ces femmes, à leurs névroses, à leurs certitudes bancales, si on croit à leur imperfection, à leur banalité, à leur vulnérabilité enfouie qui se libère peu à peu, si on vit tout cela avec elles et lui, l’enfant, on croira à leur histoire. On ressentira en profondeur des questions d’être humain, de citoyen en pleine conscience, et non prisonnier de ses peurs.

Ce que j’ai apprécié dans le scénario, c’est qu’il laisse le champ à faire exister ces personnages dans leur subtilité et leur complexité. Il y a ce qu’ils disent, il y aura ce que leurs silences raconteront, ce que leurs regards exprimeront.

Comme dans tous mes films et séries, je porterai une attention particulière à la forme, à la direction artistique, afin de nous plonger avec le plus d’évidence possible dans les impressions, les émotions.

Renaud Bertrand

Note de la Productrice

Le départ des jeunes Français pour aller rejoindre Daesh est une question qui m’a beaucoup interpellée ces dernières années. Au-delà de la sidération, face à un choix qui semble incompréhensible, leur décision me renvoyait à ma condition de mère et de citoyenne. Quelle société, quel avenir, quelles valeurs proposons-nous à nos adolescents pour que certains aient envie de les détruire avec une telle sauvagerie ?

Mais en fiction, comment rendre compréhensible le parcours des djihadistes, expliquer leur engagement et leurs actions… sans les justifier, sans les dédouaner de leur responsabilité personnelle dans l’horreur des crimes commis par Daesh ? Sylvain Saada a eu la bonne idée de parler des djihadistes sous l’angle des victimes collatérales au sein de leur famille en France : leurs parents et leurs propres enfants, qui n’ont rien demandé, mais qui se retrouvent également à payer lourdement le prix de leurs choix.

Le film raconte comment deux jeunes grands-mères vont se battre pour récupérer leur petit-fils de 10 ans, né à Raqqa et qui n’a connu de la vie que la guerre ou l’enfermement dans un camp de réfugiés. Cet enfant et ces femmes qui partagent d’abord la douleur, la peur et la honte.
Douleur d’être séparé de ses parents, douleur de la mort d’un fils, douleur de la haine de sa fille…
Peur de « l’autre » pour chacune de ces femmes, qui voit en elle l’artisan de son malheur et du départ en Syrie, peur de l’inconnu pour cet enfant, brutalement plongé dans un monde dont il ignore tout et qui heurte ses jeunes certitudes…

Honte d’être du mauvais côté, de ceux qui ont fait les mauvais choix, d’en être éventuellement responsable ou d’en porter les stigmates à tout jamais…

Mais ce projet repose aussi et surtout sur la vitalité de ce petit garçon, dont l’arrivée va tout bousculer.
A cause d’Hicham, ces deux femmes vont être obligées de s’unir et de faire front commun malgré leurs différences, ce qui ne manquera pas de drôlerie…
Grâce à Hicham, va naître en elles deux un amour bouleversant, parfois difficile mais au final enrichissant.
Avec Hicham, qui n’est pas « une bombe à retardement », elles deux vont retrouver vitalité et espoir.

Pour développer son sujet original, Sylvain Saada a souhaité co-écrire avec une scénariste. Je lui ai présenté Eve de Castro, avec qui j’ai également souvent collaboré. Ils ont ensemble écrit ce scénario touchant et profond. Ils ont documenté leur travail avec des entretiens réalisés auprès de spécialistes (avocat, juge, pédopsychiatre et association de familles) accompagnant le retour d’enfants de Syrie.

France Télévisions nous a accompagné dès le départ dans ce travail délicat d’adapter en fiction un fait de société douloureux, dans une période violente.

Pour donner corps au projet, j’ai fait appel à Renaud Bertrand, avec qui j’ai collaboré autrefois sur ses premiers films, et que je retrouve aujourd’hui avec confiance.

Mathilde Muffang

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